Comme chaque matin depuis environ 7 ans, j'avais l'impression que j'étais en plein rêve et que j'allais très bientôt me réveiller à nouveau chez moi, à Montréal entourée de mes vieux démons . Mon père avait raison, depuis petite il m'avait pertinemment conseillé de croire en mes rêves et que si je me mettais à la place de Peter Pan, tout cela deviendrai réalité . Ses conseils, sa voix, son sourire, sa carrure... tout me manquait, absolument tout . Heureusement, je me consolais en me répétant constamment qu'il faisait désormais partie des étoiles et qu'il était désormais mon ange gardien. J'aimais la vie et la vie me le rendait bien : j'avais une jolie maison dans un petit quartier résidentiel on ne peut plus agréable même s'il était vrai que parfois j'éprouvais un manque lorsque je rentrais chez moi, ma maison était vide et inanimé . J'avais aussi un travail qui me plaisait énormément : après avoir effectuée de nombreux stages, j'avais enfin trouvé ma voie, j'aidais les gens tout en écrivant ce qui pour moi était le comble du bonheur .
Il est vrai qu'il me manquait peut être quelque chose, oui un homme dans ma vie n'était très certainement pas un luxe, seulement je ne me sentais pas encore totalement prête . J'avais peur de ce sentiment si fort, si beau mais à la foi si destructeur . A cause de mon obstination, j'avais laissé passé de nombreuses occasions qui aurait put me rendre d'avantage heureuse mais sur ce point la, je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même .

Après avoir doucement ouvert mes yeux, je contemplais ma chambre illuminé par un seul faisceau de lumière provenant de l'extérieur . Tant mieux, le soleil semblait rayonner aujourd'hui mais il allait très certainement faire froid, bien que l'hiver à Portland était tout à fait supportable pour moi, après tout... je venais de Montréal !
Je fus beaucoup moins détendu lorsque mon regard se posa sur le réveil : 8h53... mon dieu ! Comme d'habitude j'allais être en retard sauf si je sortais immédiatement de mon lit, ce que je fis immédiatement . Le vendredi était le dernier jour de la semaine et forcément, le jour où se lever était un vrai calvaire . Courant vers la salle de bain je filai sous la douche prenant soin de me déshabiller en même temps .
Après quelques minutes, je pris le temps de me regarder dans un miroir ... mes cheveux semblaient être indomptables alors d'un geste furtif, je remonta ma crinière en un chignon légèrement fou laissant échapper quelques mèches . En guise de maquillage, j'optai pour une couche de mascara, un peu de blush ainsi qu'un rouge à lèvre rosé qui me donnait automatiquement bonne mine . Jusque la, rien de bien alarmant j'étais pratiquement prête en moins de 10 minutes . Seulement vint un gros dilemme : comment allais-je m'habiller ? Je pris rapidement un petit pull en cachemire beige, une jupe taupe, des collants en laine blanc cassé, des chaussures compensés marron tout comme mon énorme gilet bien chaud. Le patron allait encore s'énerver, selon lui je n'étais pas correctement habillée pour travailler dans un bureau mais... je m'y sentais bien et c'était le principal : je ne me voyais pas enfiler chaque jour un tailleur pour aller répondre au courrier du cœur . J'étais fin prête et descendant les marches en trombe, je pris au passage mon sac, mon manteau, mon bonnet ainsi que mes clés . C'est en fermant la porte et en me dirigeant vers ma voiture que je pus enfin enrouler mon écharpe autour de cou .

Heureusement, il n'y avait pas eut d'embouteillages sur la route ce qui me permit d'arriver à l'heure au bureau . Comme d'habitude, ma secrétaire m'attendait avec mon petit chocolat chaud qui me remontait le moral le matin, elle savait aussi que je n'avais jamais le temps de prendre mon petit déjeuné le matin . C'était des petites attentions qui me touchaient beaucoup et qui égayaient ma journée . Je me sentais tellement à l'aise ici... j'étais dépendante de moi même et personne ne connaissait mon passé ce qui, en soit, était un énorme avantage .
-«Merci Ava, oh et pourrais-tu m'apporter le courrier dans mon bureau s'il te plait ?» dis-je le sourire au lèvre en me faufilant à travers la pièce pour rejoindre mon bureau . Je ne voulais pas passer pour la patronne très sévère, ça ne me ressemblait pas et je n'arriverais pas à être méchante de toute manière . -«Salut Phil, toujours en galère avec ton antivirus à ce que je vois ! Prends un donnuts, c'est bon pour le moral» c'est avec le rire aux lèvres que je m'installais dans mon bureau . Peu de temps après m'être mise à l'aise, Ava m'apportait déjà une tonne de courrier que j'allais devoir longuement étudier ce courrier, sélectionner certaines lettres que je publierai dans le magasine et répondre aux autres par e-mail ou sur le papier .
Toute la mâtiné, je me mis sérieusement au travail puis, en début d'après midi je fis une pause afin de reposer mes yeux, mes neurones et pour pouvoir manger un petit morceau . Tout à coup, le téléphone se mit à sonner : -«Bonjour, ici Lauraleen Sparkle », un voix masculine que je connaissais bien, trop bien même me répondit «Laura... je t'entends enfin . Tu es à Portland c'est ça ?» Prise de surprise, je raccrochai immédiatement le téléphone, mon passé avait ressurgi tout à coup sans que je m'y attende alors que je ne voulais plus jamais en entendre parler . Rafaël... j'espérais de tout mon cœur qu'il ne me rappellerai pas .
Après cet événement, je n'arrivais plus à me concentrer et soudain, j'eus une idée . Il ne me restait que quelques lettres ... j'y répondrais très certainement lundi . Je pris donc directement mes affaires et me dirigea vers le lieu où travaillait Slaìne, cette jeune fille adorable qui était serveuse à ses heures perdus comme je l'étais aussi . Je savais que le vendredi, elle finissait son service aux alentours de 15h et je comptais bien me changer les idées en sa présence .

«Bonjour, est-ce que Slaìne McLoughlin est là s'il-vous-plait ?» demandais-je au serveur qui travaillait avec elle, un jeune homme charmant et surtout très gentil . Il m'informa qu'elle allait bientôt sortir et à ce moment la je la vis arriver . Toute souriante, je me dirigea vers elle : «Hey... dit moi, puis-je te voler un peu de ton temps ? Qu'est ce que tu dirais si on allait se balader un peu ? Puis ce soir on pourrait allée se faire un resto et envisager la suite qu'en penses-tu ?» J'espérais de tout coeur qu'elle n'ait rien d'autre à faire et que ce petit projet lui plairait .