La cloche sonnant, je rangeais rapidement mes affaires dans mon sac tout en soupirant. Ce n'était pas que je n'aimais pas les cours, au contraire j'appréciais plutôt ça, mais étant un élément perturbateur, je ne pouvais m'empêcher de récolter quelques heures de colle à chaque cours que je dérangeais. C'était dans mes gênes ou quelque chose que je ne comprenais pas parce que je ne pouvais pas m'en empêcher, mais je me retrouvais systématiquement en train de faire quelque bêtise ou parler avec quelqu'un. Je ne parlais pas de n'importe quoi, en général, cela concernait le cours, mais cela n'intéressait pas les professeurs. « Au tableau Buckley ! » « Je n'ai pas envie. » Et pof, j'étais collé. Cela n'allait pas plus loin que ça, je ne menaçais personne mais je ne pouvais m'empêcher de répondre ou de faire mon monsieur je sais tout, ne supportant pas de ne pas avoir le dernier mot ou d'avoir raison. C'était un grand défaut chez moi, celui de ne pas accepter la défaite, et cela devenait un réel fardeau plus j'avançais dans la vie. Je n'étais pas très âgé à ce moment là, j'étais en plein dans l'adolescence. J'avais les mêmes problèmes que tous les gens de mon âge, à part les boutons je dois avouer, en gros, les filles. J'avais beau essayer d'en charmer quelques unes, elles s'enfuyaient comme si je sentais le pâté et je ne savais pas quoi faire pour les retenir. Je n'étais surement pas doué du tout mais c'est-à-dire qu'à cette époque, j'étais plutôt séduisant dans mon physique mais surement pas du tout dans mon caractère. Je n'étais pas le méchant garçon que j'étais à présent, enfin méchant c'était beaucoup dire tout de même, j'étais le petit rigolo dont tout le monde se moquait et qui arrivait quand même à s'en sortir en cours avec des notes excellentes. Un spécimen spécial qui vivait uniquement dans la banlieue de la ville de Portland et qui évoluait dans une famille parfaitement en place et normale. Vraiment ? … Il fallait dire que ces temps-ci, le temps n'était pas au beau fixe dans la famille Buckley. Il y avait souvent des disputes, souvent à cause de moi il fallait le dire, parce que je me faisais renvoyer de tous les endroits où j'allais parce que je créais des problèmes. Ce n'était pas ma faute pourtant ! Ou en tout cas c'était ce que je répétais. C'était quelqu'un qui avait fait une chose inacceptable que je ne pouvais pas laisser passer, c'était l'ambiance qui n'était pas bonne, c'était le responsable qui était trop sérieux .. En gros, je trouvais toujours une excuse.

« Dis Callen ... » Je me retournais. Devant moi, Hannah Moore, la fille la plus populaire du lycée, blonde, plantureuse, parfaite. J'avais déjà essayé de lui adresser la parole mais elle m'avait royalement ignoré, et là, elle était devant moi. J'écarquillais les yeux et souriais comme un idiot, avant qu'elle ne me tende un cahier vierge. « Tu ferais mes devoirs de maths s'il te plait ? Merci ! » Et alors que j'avais attrapé le cahier, elle s'éloigna en roulant des hanches, et je ne pus m'empêcher de regarder ses fesses rebondies. J'allais lui faire, c'était sûr, parce que j'espérais qu'elle me donnerait un rendez vous pour me remercier, ou quelque chose du genre. Rangeant l'objet dans mon sac, je m'élançais au dehors et remontais ma capuche, car il pleuvait des cordes, et courais pour vite rejoindre le bus qui me remmènerait chez moi. Alors que je montais à l'intérieur du véhicule et que je me frayais un chemin derrière les autres dans la rangée, je cherchais des yeux une place de libre et en trouvais finalement une à côté d'une jolie fille brune qui semblait perdue dans ses pensées. « Je peux m'asseoir là ? » Elle me dévisagea étrangement et me fit un petit sourire que je trouvais absolument craquent. « Bien sûr, ce n'est pas réservé. » Je m'asseyais et la dévisageais avec grand intérêt. J'avais vraiment envie de discuter avec elle mais elle ne semblait pas encline à faire de même, surtout qu'elle était apparemment plongée dans une lecture qui semblait la passionner. « Tu t'appelles comment ? » « Sunny. » « Et tu es en quelle classe ? » « Je suis .. dans ta classe. Tu n'as jamais dû me remarquer car, au cas où tu ne l'aurais pas compris, tu ne t'occupes que de toi même. » « Ce n'est pas vrai ! » « Si. Mais ce n'est pas méchant bien sûr, je suis contente que tu m'adresses la parole. » Elle m'offrit un sourire que je trouvais absolument merveilleux et ferma son livre. « Si on est dans la même classe, tu dois faire le devoir de maths pour demain alors ? » « Bien sûr. » « Tu voudrais le faire avec moi ? » Elle resta silencieuse quelques secondes et reprit la parole. « Pourquoi pas. » Nous commençâmes à discuter jusqu'à ce que le bus arrive à l'arrêt proche de ma maison, où nous descendions tous les deux en riant.

Je n'aurais pas imaginé qu'une fille dont je ne connaissais pas l'existence alors qu'elle partageait mes journées à l'école serait aussi intéressante. Nous fîmes le petit trajet qui me séparait de ma maison et alors que je tournais la clef dans la serrure, je me rendais compte que la porte était ouverte. Lentement, je poussais le battant et me retrouvais à l'intérieur de ma maison .. qui ne ressemblait plus à grand chose. Des assiettes étaient cassés au sol, des meubles avaient été déplacés, et plus que tout, il y avait un amas d'habits qui appartenaient à mon père et ma mère partout. « Que se passe-t-il ici ? » « Peut-être que je ferais mieux de partir ... » « Non, reste. » En fronçant les sourcils, je m'avançais et esquivais de peu une chemise qui volait. « Maman ? » « Mon chéri, je ne vais pas rester ici une minute de plus. Et tu viens avec moi. » « Quoi ?! » « Oui tu as compris, mets tes affaires dans la valise et viens dans la voiture. » Je me tournais vers Sunny avec un air d'incompréhension collé au visage. Et c'est ainsi que débuta ma grande aventure à Aberdeen.

« Sunny ! Que je suis heureux de te voir, je t'en prie entre ... » Je me déplaçais sur le côté pour la laisser rentrer dans mon appartement. Depuis que j'étais rentré à Portland, nous étions sortis ensemble et nous ne nous étions pas quittés. En effet, nous étions très amoureux et nous avions discuté par internet lorsque j'étais parti pour Aberdeen. Elle disait que j'avais changé. Que j'étais plus sérieux qu'auparavant, que je faisais moins le fou, et que j'avais un plus mauvaise réputation, aussi. Je m'en fichais bien, après tout, tout ce qui comptait à mes yeux était la manière dont elle me voyait et rien d'autre. « Tu sembles triste. Il y a quelque chose qui ne va pas ? » Je lui adressais un doux sourire et l'embrassais sur la bouche avant de prendre son manteau et de l'accrocher dans l'entrée. Je n'avais rien préparé car je ne savais pas qu'elle allait passer, alors, je sortais rapidement deux tasses et des sachets de thé car je savais pertinemment qu'elle adorait ça. Elle en buvait à toutes les saveurs, toujours avec une goutte de lait, jamais avec un morceau de sucre. Elle disait que cela gâchait toute la saveur du bon thé et que chaque personne qui s'y connaissait faisait exactement pareil qu'elle. Elle semblait distante, pensive, et je la voyais tripoter son mug comme si elle avait quelque chose d'important à me dire. « Tu es restée muette depuis que tu es arrivée. Tu vas te décider à parler ? » Elle prit une grande inspiration, et ne pouvant résister à son charme habituel, je passais une main dans ses cheveux et l'embrassais sur le front. Je ne pouvais plus me passer d'elle. Elle était mon oxygène, ma raison de vivre, une partie de mon âme. Je ne savais pas comment je ferais si jamais elle me quittait ou qu'elle s'en allait en bateau sur un autre continent, non, je ne le savais point. « Comme tu le sais, je ne sais absolument pas cuisiner par contre je suis passé acheter des pâtisseries à la boulangerie du coin, tu en veux ? » Je lui présentais le carton alors qu'elle n'avait toujours pas pipé mot. « Merci. » Je lui souriais alors qu'elle prenait un éclair au chocolat et s'en mettait partout autour de la bouche par inadvertance, en croquant la pâtisserie.

« Alors qu'est-ce qui t'a fait rater notre fantastique soirée DVD d'hier soir dis moi ? » « C'est de ça dont je voulais te parler, en fait, je .. » « Un petit biscuit ? » A croire que je voulais qu'elle grossisse, que je puisse la tuer prendre son foie et en faire un met fameux. « Non. C'est important ce que j'ai à te dire, écoute moi ! » « Bien sûr. Mais tu sais qu'avec un décolleté pareil, mes oreilles ne sont pas totalement ouvertes. » Elle laissa échapper un petit rire et réajusta son t-shirt de manière à ce qu'il y ait moins de vue plongeante sur sa poitrine et continua à parler. « Je t'aime. Tu le sais que je t'aime, plus que n'importe qui au monde, même mes parents c'est pour dire, mais .. » « Mais ? Tu ne vas pas me dire que tu vas me quitter hein ? » Je souriais, parce que je ne savais pas à quel point j'étais près de la vérité. « En fait .. » Elle se mordit la lèvre et j'attendais. Ma jambe commençait à tressaillir parce que je savais que quelque chose n'allait pas bien, et que je n'allais pas me sortir de cette situation sans blessure. Elle semblait vouloir m'annoncer quelque chose de très grave et en général, ce genre de chose ne se finissait pas embrassade. « Tu es enceinte ? » « Quoi ? Je .. » « Tu es enceinte ! Mais c'est génial, ne sois pas gênée ! Tu ne veux pas le garder c'est ça ? Mais un enfant, c'est génial, c'est .. » « NON ! Je ne suis pas enceinte Callen, ne t'emballe pas comme ça ! » « Pardon mais tu prends trois heures à annoncer quelque chose et je suis bien obligé d'essayer de deviner. » « Alors je vais te le dire. Callen, je pars. » « Où ça ? » [color=teal]« Loin. De l'autre côté de l'océan. En fait, je pars à Londres. » [color=darkslategrey]« Chouette ! Et tu reviens quand ? » Un silence s'ensuivit. Le sourire qui était sur mon visage laissa place à un air de totale incompréhension. « Tu ne reviens pas, c'est ça ? » « Callen, écoute je .. » « Non, ne prends pas cette peine. Pourquoi est-ce que tu pars ? Pourquoi est-ce que tu m'abandonnes ? » « Ce n'est pas aussi simple que ça c'est .. pour mes études. J'ai toujours rêvé d'habiter en Angleterre et c'est ma chance ! TU ne comprends pas ? » « Donc .. Je suis moins important que tes études. Toi qui disait m'aimer au dessus de tout ! » Je me levais et faisais quelques pas dans la pièce, passant les mains dans mes cheveux, énervé. J'étais en colère contre elle, c'était sûr. « Tu peux partir maintenant. Tu as atteint ce que tu voulais, tu as détruit tout ce qui était en moi, maintenant, tu peux partir. » « Je veux qu'on continue à se parler, Callen, comme on faisait avant, par e-mail ou par téléphone .. » « Cela me ferait trop mal, je suis désolé. »

Cela ne fait que peu de temps que je suis séparé de mon amour de toujours, Sunny. A vrai dire, j'ai tellement mal pris cette rupture que je me suis enfermé chez moi pendant un temps incommensurable à manger de la glace devant des films à l'eau de rose. Comme les filles. Déprimant. Et puis après j'ai commencé à sortir pour … taper des gars à la sortie des bars. Charmant non ? C'était ma petite activité régulière, comme si je n'avais pas déjà assez de problèmes comme ça. Et puis, j'ai rencontré Slaine. Ça a été ma délivrance. J'avais retrouvé une amie et cela m'a fait un bien fou de trainer avec elle, de lui parler, de la voir sourire, et toutes les choses que j'avais oublié à propos d'elle. C'était comme si j'étais de retour à Aberdeen dans mes plus jeunes années. Aujourd'hui, tout est un peu compliqué dans ma tête alors que tout le monde prétend que nous sommes en couple alors que c'est faux. Après tout, je suis le premier à démentir les rumeurs, mais est-ce que c'est ce que je souhaite vraiment ? Au fond de moi, je sais que Slaine n'aime pas être prise pour ma petite copine et n'accepterait jamais d'être en couple avec moi. Alors, je laisse passer, mais ce n'est pas pour ça que ça ne me fait rien.