Je ne retournerai jamais en enfance, j'y suis toujours restée ...



Lauraleen... il y a vingt-cinq ans de cela, ce prénom était peu commun voir presque inexistant et c'était certainement ça qui me plaisait . Mon père était Français et ma mère originaire du Texas, après mainte recherches, ils décidèrent d'emménager à Montréal : Là bas, on y parlait couramment le Français mais en plus, nous n'étions pas loin de la frontière américaine, ce qui inconsciemment, rassurait ma mère .

Dès mon plus jeune âge, j'eus immédiatement un penchant pour l'originalité, la création : personne ne devait avoir les mêmes vêtements, la même coiffure que moi sinon je pouvais très rapidement prendre une crise et tout arracher . Cela m'était arrivée une foi au primaire et évidemment j'avais été sanctionné par cette directrice d'une soixantaine d'année qui avait un caractère on ne peut plus désagréable . Toute l'école avait peur d'entrer dans son bureau, ce lieu étant considéré comme une salle de torture . Heureusement, ce petit trait de caractère disgracieux s'échappa petit à petit malgré le fait qu'aujourd'hui, j'aime toujours apporter une petite touche d'originalité à tout ce qui m'entoure .
En me lisant, vous allez très certainement penser que j'étais une petite fille à papa qui avait toujours ce qu'elle voulait . Le premier point, je ne pourrai le nier : j'étais constamment avec mon père . Il avait beau être cadre dans une entreprise de commerce international, il trouvait toujours un peu de temps pour aller se promener avec moi et atterrir dans notre petit coin favoris . A côté de chez nous, il y avait un tout petit parc, très peu fréquenté ou seulement par quelques personnes âgées qui avaient besoin de calme afin de finir de tricoter des petits chaussons pour leurs petits enfants . La, se trouvait une fontaine où une statut en bronze de Peter Pan était sculptée .
-« Papa ! Tu as vu ? Peter Pan regarde vers le ciel... moi aussi un jour j'irai vers les étoiles !» . Je me souviens encore du rire de mon père à ce moment la, un rire tellement tendre mais à la foi légèrement jaune .
-« Oui mais ne soit pas si pressée ma jolie Lauraleen . Ce que tu dois retenir de Peter Pan, c'est qu'il ne voulait pas grandir et avait une âme d'enfant . Ma chérie, garde toujours ce petit côté enfantin et n'hésites pas à rêver ... rêver autant que tu le peux, c'est tellement magique . Tu tâcheras de t'en souvenir ...»
Voilà pourquoi j'aimais mon père ... il savait me redonner le sourire, me faire comprendre les choses essentielles de la vie tout en me faisant rêver . Malheureusement, il ne me reste que ma mémoire et mes souvenirs...

Nul n'est plus misanthrope qu'un adolescent déçu .



Mon adolescence fut plus ou moins tranquille, à quelques exceptions près . C'est à l'âge de seize ans que les ennuis commencèrent . J'étais une bonne élève au lycée, seulement lorsqu'on est considérée comme la petite intello de la classe il est difficile d'échapper aux vannes incessantes et aux propos ironiques . Malheureusement pour moi, je ne fus pas l'exception qui confirma la règle . Je fus rapidement la proie du plus beau garçon de ma classe : Rafaël . Au tout début, je crus à une blague quand il était venu me parler pour la première foi, je ne me trouvais pas moche seulement je ne m'arrangeais pas tellement, préférant la simplicité et le confort . Il avait l'air si doux, si gentil et me promettait la lune : il n'en fut pas moins pour tomber dans ses bras . C'était un jeune homme mystérieux, qui dégageait un sentiment d'insécurité mais bizarrement... ça me plaisait . Je n'avais pas conscience du fait qu'il allait être la cause de ma destruction moi qui habituellement, calculais tout ce que je faisais . Il savait trouver les mots pour me faire craquer, usant de sa séduction qui elle, était à tout épreuves . Je me mis à perdre beaucoup de choses : ma timidité, ma virginité, ma morale ainsi que ma famille : j'étais méconnaissable et sans m'en rendre compte, je faisais du mal à mes parents . Mes notes chutaient, je séchais, je fumais, je buvais et je vivais la nuit . Rafaël avait beaucoup de contacts et savait toujours quoi faire pour m'enfoncer encore un peu plus mais je semblait aveuglée, me dirigeant tout droit vers le néant . Je ne prêtait plus attention à mon père, j'étais isolante et ignorante envers ma mère : Je n'étais plus Lauraleen : l'ange croyant toujours en Peter Pan . Quand je me regardais dans le miroir, je voyais cette différence et quelque part je voulais la combattre mais je me disais toujours : «Rafaël me préfère comme ça .».
Le jour de mes dix-sept ans, mon père était parti au petit matin et m'avait accompagné au lycée, même si à l'époque, je trouvais ça complètement ringard .
-«Fais moi un petit bisou ma chérie... J'aimerai te voir encore avec des étoiles dans les yeux en te racontant cette...»
-« Papa ! Arrête, je connais cette histoire, tu me l'as raconté des tonnes de fois et non Peter Pan c'est finit, mort . Il n'existe pas et n'existera jamais ! C'est seulement un comte ridicule qui nous encourage à rêver mais à un moment donné il faut stopper tout ça : Nous sommes dans la vrai vie, le monde n'est pas rose alors tu sais quoi ? Les rêves, Peter Pan, les étoiles et tout le bazar je m'en contre fiche . Bonne journée PAPA .»
En me remémorant cette petite dispute avec mon père, je ne peux que m'en vouloir . Seulement, quand on a dix-sept ans on est insouciant et quand on a un petit ami dont on est folle amoureuse, c'est pire .
Vers 19h, je rentrai chez moi afin de manger et me préparer pour sortir le soir . Oui, selon moi je n'avais plus l'âge de fêter un anniversaire en famille, c'était beaucoup trop dépassé . Posant mes affaires sans un mot, je remarquai que mon père n'était pas encore arrivé ce que je trouvais bizarre.
Une foi la table mise, je m'installa lorsque tout à coup le téléphone sonna . J'ai encore ce bruit perçant qui résonne dans mon esprit . Un coup de téléphone que j'aurai préféré ne jamais recevoir à vrai dire . Alors que j'essayais d'avaler les lasagnes que ma mère m'avait fait spécialement pour mon anniversaire je l'entendis crier et s'effondrer au sol tout en pleurant à chaude larmes . Soudain, la petite fille ingrate que j'étais, n'était plus que vague souvenir, je pris le combiné du téléphone :
-«Allo ? Allo ? Oui, bonsoir qu'est ce qu'il se passe ?»
-«Melle Sparkle ? Votre père est décédé des suites d'un arrêt cardiaque foudroyant cet après midi . Mes condoléances les plus sincères ...»
Je crus tout d'abord que l'on me faisait une blague puis rapidement, la réalité me rattrapa . Ce matin là, je l'avais vu pour la dernière foi, je ne l'avais pas embrassé, je ne l'avais pas enlacé : j'étais un monstre . Mes jambes étaient coupés, mes larmes coulaient le long de mes joues sans que je puisse l'en empêcher et c'est en regardant ma mère effondrée au sol que je le téléphone m'échappa des mains pour s'écraser au sol .
Le lendemain matin, j'arrivai au lycée comme à mon habitude sauf que cette foi ci, j'étais de nouveau Lauraleen, bien décidé à ce que Rafaël ait la vérité en face . Je l'accosta en le poussant et c'est habitée par la haine que je lui lança ces paroles :
-«Je ne veux plus jamais te voir, je ne veux plus jamais te parler, tu es mort pour moi . Pourquoi tu m'as choisis ? Pourquoi moi ? J'avais une vie géniale, une famille géniale et tu m'as aveuglée par les "petits plaisirs de la vie" comme tu le dis si bien . Mon père est mort à cause de moi, à cause de ce que je suis devenue par ta faute . Si tu m'approches encore, je te jure que j'appelle la police. Tu n'existes plus, tu n'es plus rien pour moi. »
J'étais bien décidée à ce que l'ancienne Lauraleen refasse surface pour toujours . Malheureusement, ma mère décida de me compliquer la tache en sombrant dans l'alcool . J'avais tout fait pour elle, je l'avais inscrit aux alcooliques anonymes, je dormais avec elle chaque soir, j'essayais de la faire sortir de temps en temps mais rien ne marchait .
Seulement un soir, en rentrant je la retrouvais dans la cuisine, prête à mettre fin à ses jours en ouvrant le gaz . S'en était trop, ma vie n'était plus qu'un enchainement de malheurs et j'avais beau rêver d'une vie meilleure, rien n'y faisait . Je rêvais d'être journaliste mais ce n'était pas en prenant ce chemin que j'allais y arriver . M'asseyant sur le canapé à ses côtés, je me détruisais de l'intérieur en la voyant tout le temps les yeux dans le vide, elle m'en voulait surement, mais ce sentiment était réciproque .
-«Je vais partir maman... Dès la fin du lycée, je m'en vais . Je ne peux pas, je... je ne peux plus te voir dans cet état la . Tu veux mourir ? Très bien mais ce ne sera pas en ma présence . Je veux devenir journaliste et j'y arriverai . »
-«Et comment ? Compte pas sur moi, j'ai plus d'argent.»
-«Je suis serveuse dans un petit café après les cours, je trouverai bien un autre travail pour compléter mon salaire .»
-«Eh bien fait, mais crois le ou non, tu n'es plus ma fille.»
Mon coeur sembla être extirper de mon corps lorsqu'elle affirma que je n'étais plus sa fille . Seulement, restant forte, je me m'y en quête d'un autre travail pour pouvoir ensuite payer la FAC . Après maintes recherches, je ne trouvais rien et je renonçais petit à petit à mon rêve .

Pensez vous qu'il faut oublier son passé pour se créer un avenir ?



N'ayant plus le choix, je fus embaucher dans une boite de Streap-Tease et voila que le Vendredi et Samedi soir, je me transformais en reine de la nuit . Tout ça eut un prix : j'étais complètement épuisée en cours mais je ne lâchais jamais prise . Le lendemain de la remise des diplômes, je pris mes valises et décida de m'installer à Portland, aux Etats-Unis, j'avais l'avantage d'être bilingue grâce à mes parents... mon père était déjà dans la tombe et ma mère s'y dirigeait petit à petit . Lorsque la porte de mon ancienne maison se referma, des tas de souvenirs se mirent à ressurgir et je m'en voulais de laisser ma mère dans cet état là mais... ce n'était pas une vie, il fallait que je parte en quête de mon rêve .
Désormais, après trois années d'école de journalisme et de psychologie, je travaille depuis un an pour la rubrique «cœur» d'un magasine, ce qui peut paraitre comique vu que je ne m'applique pas les conseils que je donne seulement c'est quelque chose qui me plait beaucoup .
De mon côté ? Eh bien, je suis célibataire parce que j'ai du mal à retomber amoureuse. J'ai toujours peur de me faire berner ou de changer tout simplement alors... lorsque je vois que cela devient un peu trop sérieux, je met un terme à la relation .
J'adore mon travail et je suis appliquée pour chaque détails et j'espère que, de la haut, mon père me voit et est fière de moi . Je n'ai plus eu de nouvelles de ma mère et au final... ce n'est pas plus mal . Elle me manque terriblement mais chaque jours, j'espère qu'aucun démon de mon passé ne refasse surface .

Lauraleen Karen Sparkle .