« MJ ? Qu’est ce que tu fais là ? Bon sang t’as une tête atroce, tout va bien ? » Mon premier réflexe après le départ de Charlotte – enfin qui venait juste après me morfondre sur mon canapé pendant des heures – fut de me rendre chez ma sœur. Ma meilleure amie. Ma confidente. On se disait tout et quoi qu’il arrive on était toujours là l’un pour l’autre. Debout, sur le seuil de sa porte, je n’avais même pas besoin de prononcer le moindre mot qu’elle su qu’il s’était passé quelque chose de grave. Elle me connaissait par cœur. « C’est Charlotte…Elle m’a quittée » Sa première réaction si je ne faisais pas cette tête d’enterrement aurait été de croire à une plaisanterie. A ses yeux nous formions un couple solide, amoureux…Merde on était quand même sur le point de se marier ce n’était pas rien ! Mais il ne faisait aucun doute pour Yelena que j’étais on ne peut plus sérieux. Elle m’invita immédiatement à entrer chez elle. David, mon neveu et filleul dormait déjà dans sa chambre. « Tu veux boire quelque chose ? » fut sa première question. Elle sentait que j’aurais bien besoin d’un remontant. « Oui. Quelque chose de fort s’il te plait » Elle me servit un whisky avant de s’installer à mes côtés sur le canapé. « Qu’est ce qui s’est passé ? » Avant de lui répondre je vidai la moitié de mon verre. « Elle m’a surpris avec une fille à l’appart…» A peine ces mots prononcés que je pus lire de la déception sur le visage de ma sœur. « Mais attends c’est pas ce que tu crois !! On ne faisait rien de mal ! Je veux dire, elle était sur moi certes mais…et maintenant… » Bon sang j’avais du mal à parler tant j’étais bouleversé. « Elle pense que je l’ai trompé » Yelena me prit les mains et me regarda droit dans les yeux. « As t’elle raison de le penser ? » Outré d’une telle question j’haussai le ton « QUOI ? Comment tu peux croire une chose pareille ? Non bien sur que non ! » « D’accord, d’accord calme toi, je te crois. Mais je devais quand même te poser la question, tu peux comprendre… » Evidemment elle faisait allusion à mon passé. Après tout ça ne serait pas la première fois qu’une telle situation arrive. Certes je m’étais montré infidèle par le passé, mais ça ne voulait pas dire que je l’étais toujours. Yelena a toujours été au courant de toutes mes incartades. Alors elle savait que je lui disais la vérité…De toute manière même si je voulais lui mentir je ne pouvais pas. Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Radouci, heureux qu’elle me croit je repris mon récit. « C’était une étudiante. Naïf comme je suis j’ai vraiment cru qu’elle voulait que je l’aide dans un de ses devoirs…Avant même que je m’en rende compte elle me sautait dessus. Et c’est pile à ce moment là que Cha’ a débarqué. » « Je suis sure que ça va s’arranger, ce n’est qu’un malentendu, elle devrait comprendre » « Non. T’aurais du voir sa tête…je te jure…pour elle c’est fini. Je lui ai brisé le cœur, elle ne veut plus entendre parler de moi…Elle m’a clairement dit que je ne faisais plus parti de sa vie. Qu’est ce que je vais faire sans elle ? Elle est tout pour moi… » Une larme roula sur ma joue. Très rares étaient les fois où on me voyait dans cet état. Je ne pleure quasiment jamais, mais là c’était trop. En compagnie de ma sœur, je pouvais me laisser aller. Elle me prit dans ses bras et me réconforta. Quelques minutes plus tard, épuisé, toute énergie ayant quitté mon corps, je m’endormais sur son épaule.

---------

Voilà des jours que je n’avais aucunes nouvelles de Charlotte. Depuis qu’elle avait précipitamment quitté notre appartement. Elle ne répondait à aucun de mes coups de fils, SMS, mail… Et lorsque j’appelais chez ses parents ils m’envoyaient balader, pour finalement filtrer mes appels j’en étais sur. Je ne pouvais pas laisser la situation durer ainsi, il fallait que je fasse quelque chose. Voilà pourquoi j’avais pris la décision de me rendre chez les parents de Charlotte, sachant que c’était là qu’elle avait trouvé refuge. Malheureusement comme je m’y attendais je ne fus pas exactement le bienvenue. La porte s’ouvrit sur mon ex beau-père. « Vous ! Je croyais avoir été très clair au téléphone. Charlotte ne veut plus rien avoir affaire avec vous. Alors maintenant, dégagez de ma propriété » Il s’apprêtait à me claquer la porte au nez mais je la retins à temps avec mon pied. « Monsieur Hattaway attendez ! Je vous en prie laissez moi lui parler ! Je sais qu’elle est là, j’ai vu sa voiture…s’il vous plait. Laissez moi une chance de m’expliquer auprès d’elle. Je vous en prie… »  « Non. Et si je te revoie une seule fois tourner autours de ma propriété j’appelle les flics, c’est bien compris ? Quand je pense à tout le mal que tu as fais à ma petite fille…Dès le début je ne te faisais pas confiance, j’aurais du me fier à mon instinct. Salaud un jour, salaud toujours. Tu n’es qu’un moins que rien tu m’entends ? Tu ne la mérites pas. Alors maintenant fais moi plaisir et barre toi d’ici. Pour toujours. Oublie là. Tu rendras service à tout le monde, crois moi » Il referma la porte violemment, me laissant seul sur le perron. Le bougre, c’est qu’il serait bien capable d’appeler la police, il ne rigolait pas. Sachant Charlotte très proche de ses parents, cela ne m’étonnait guère l’animosité évidente de ses parents à mon égard. Pourtant il m’avait toujours semble avoir de bons rapports avec eux. Allant même jusqu’à dire qu’ils m’appréciaient. A croire que ça ne comptait pas. Eux non plus ne voulaient pas me laisser le bénéfice du doute. Tout le monde était prêt à croire Charlotte. La pauvre petite victime. Tandis que moi je passer pour le pire salopard de la Terre. Nombres d’amis en commun avaient choisi leur camp. Cha’. Seule Meghan était disposée à me croire. Ce qui malheureusement ne suffisait pas à faire changer d’avis la blondinette. Désemparé je ne savais plus que faire.

-------

Suite à ma brutale rupture avec Charlotte, j’avais posé mes congés. Je ne me sentais absolument pas en état de travailler. Malheureusement au bout de 3 semaines je n’eus d’autre choix que de revenir. Or je n’étais pas au meilleur de ma forme. Pire on commençait à perdre des téléspectateurs. Mon collègue et ami me prit à part dans son bureau. « Je sais que tu traverses une période difficile en ce moment mais est ce une raison pour foirer ton job ? Mec’ tu passes sur une chaîne publique, des millions de téléspectateurs t’écoutent…Tu te dois d’être à ton meilleur ! Alors vire moi cette gueule de déprimée, et fais ce que tu sais faire le mieux ! Les gens t’adorent, pour ta bonne humeur, ton humour… Tout le monde veut retrouver ce type ! Surtout que t’es en train d’énerver le big boss, et tu sais combien il vaut mieux être dans ses bonnes grâces. Je dis ça pour toi mec’ si tu veux pas te faire virer. » Il avait raison bien sur. D’autant que je ne voulais pas perdre mon job’. Pas après tout le mal que je m’étais donné pour en arriver là. Commentateur sportif sur une chaîne nationale était mon rêve et je l’avais réalisé. Je ne pouvais pas me permettre de tout foutre en l’air. Des gens comptaient sur moi.  « T’as raison. Ma vie personnelle ne devrait pas déteindre sur mon travail…Mais c’est dur de faire semblant »  « Crois moi je sais. Mais il le faut, tu n’as pas le choix. » Au final j’y suis arrivé. J’ai réussi à redresser la barre, du moins professionnellement parlant. Limite toute ma vie ne tournait plus autours que de ça. Mon job, la seule chose qui me permettait de ne pas devenir fou, qui me donnait une raison de me lever le matin, avec un but. Alors oui, à l’écran je donnais parfaitement le change, retrouvant l’ancien Mikhaïl, celui que tout le monde adorait écouter. Avec quelques kilos en moins et une hygiène douteuse, certes. Physiquement je me laissais clairement aller. C’était à peine si je mangeais…quelques trucs par ci par là. Et encore si ma mère ne se préoccupait pas de faire mes courses je vous dirais pas la catastrophe. Mes muscles commençaient à fondre. Je ne faisais plus de sport, rien. Pire j'avais recommencé à fumer. Moi qui avais mit des semaines avant de réussir à complètement arrêter. Tout ces efforts partis littéralement en fumées.

-------

Trois coups rapides à la porte. A peine ouverte sur ma sœur que je pénétrais dans l’appart sans même qu’on m’y ai invité. « J’ai couché avec elle » Pas besoin de préciser de qui je voulais parler, elle le savait. Charlotte, qui d’autre ? Cette fille avait pénétré mon esprit et ne voulait plus en sortir. « Quoi ?! » « J’ai cou…Heeeeey David tu es là » Je m’étais stoppé net dans ma phrase en apercevant mon neveu assis dans le canapé du salon. « Je te croyais à l’école » « Non y’a grève aujourd’hui. J’ai pas classe.» J’adorais mon neveu mais là j’aurais largement préféré qu’il soit à l’école. J’avais terriblement besoin de mon confier à Yelena, chose impossible devant David. « David….Tu peux aller jouer dans ta chambre ? » « Pourquoi ? Je regarde la télé » « S’il te plait. On voudrait discuter entre adultes » Poussant un soupire d’exaspération il se leva. « D’accord… » Mais avant de s’en aller il me posa la question qui tue. « Dis elle revient quand tatie Charlotte ? » Il avait prit l’habitude de l’appeler comme ça. Très rapidement entre les deux le courant était bien passé, je savais qu’il l’adorait. Gêné je ne savais pas quoi répondre. « Je…euh…je ne sais pas...bientôt j’espère. Pourquoi ? » « Elle me manque.» « Je sais David, à moi aussi. Mais je suis sur que tu lui manques aussi. » « Dans ce cas pourquoi elle revient pas ? » « C’est compliqué tu sais…Elle… » « Bon David, cesse d’embêter ton oncle. Si tu allais faire tes devoirs plutôt ? Je suis sur que t’en as plein en retard » « Non j’ai tout fini » « Bon beh…vas jouer dans ta chambre » Il se décida finalement à bouger, pour disparaître au coin du couloir. « Merci. J’ai cru que je m’en sortirais jamais » « C’est rien… Maintenant dis moi que j’ai mal compris ce que tu as dis tout à l’heure. Dis moi que tu n’as pas fais l’erreur de recoucher avec elle » « Si… » « Mikhaïl !! T’es con ou quoi ? Et comment t’as fais d’abord ? Enfin je veux dire, je croyais qu’elle ne voulait plus avoir à faire à toi, de près ou de loin ? » « Je l’ai croisé au Starbucks par hasard. Cette fois elle était seule. Bien sur sa première réaction a été de me fuir, mais je l’ai rattrapé, forcée à me faire face…Et là je ne sais pas ce qui m’a prit, je l’ai embrassé. Je pensais qu’elle allait me rejeter mais elle m’a rendu mon baiser. Et une chose en entrainant une autre on se retrouvait dans mon appart’… » Elle soupira. « Et laisse moi deviner. Juste après elle s’est rendu compte de l’énorme connerie qu’elle a faîte et s’est barrée ? » Etait ce si prévisible ? J’hochais lentement la tête et sortit la bague de fiançailles de Cha’ de ma poche. « Et elle m’a rendue ça… » Toute colère disparu subitement du visage de ma sœur pour faire place à de la compassion. « Oh MJ, je suis désolée » Et elle me prit dans ses bras. Au bout de quelques secondes elle relâcha son étreinte. « Elle m’a certifiée que cette fois c’était définitivement fini entre nous, mais j’y crois pas. Si elle ne m’aimait plus, elle n’aurait pas couché avec moi tu ne crois pas ? » Je voulais désespérément y voir un signe d’espoir. « Je ne sais pas…Peut être que c’était sa manière à elle de tourner définitivement la page. Je ne suis pas sure qu’il faille y voir quelque chose de plus… » Bonjour l’optimisme, ça faisait plaisir. « Non non non, je suis persuadé qu’il y a encore de l’espoir. » « Ecoutes je ne voudrais pas paraître dure mais…ça fait 10 mois Mikhaïl. Il serait peut être temps que tu passes à autre chose, non ? Ça ne peut plus durer ainsi. Je n’ai pas envie de te ramasser encore tous les soirs à la petite cuillère. Je t’adore tu le sais, mais j’en ai marre tu comprends ? C’est toujours la même histoire. » Probablement avait elle raison, mais je ne pouvais me résoudre à abandonner. Charlotte était mon âme sœur j’en restais convaincu. Et un jour elle allait me revenir, il ne pouvait en être autrement.