« Bonjour, Mademoiselle Bogdanovic. Comment allez vous aujourd’hui ? »
- Combien de fois j’dois vous le répeter .. Mon nom se prononce BOGDANOVITCH !!! C’est pas compliqué bordel !

« Très bien. Vous avez l’air en forme aujourd’hui. »
- Oui, très bien ça se voit n’est ce pas ? Mais si vous attendez que je vous demande comment vous allez, vous pouvez toujours courir.

« Bien. Vous voulez parler de quoi cette fois ci ? Vos parents ? Votre enfance ? »
- On parle toujours de la même chose … Pourquoi pas changer un peu de sujet ? Genre parler de vous ?

« Vous le faites naturellement. Bon, et bien dans ce cas, parler moi d’un souvenir qui vous a marqué. Que ce soit un souvenir triste, heureux, les deux. Enfin comme bon vous semble. »
- Comme je sais que vous n’allez pas me lâcher avant un bon moment … Je vais vous racontez deux souvenirs, un triste et un heureux. Comme ça, l’heure passera plus vite et vos éviterez de me poser des questions qui ne servent vraiment à rien, étant donné que je vais très bien.
Bien, alors j’vais commencer par le plus triste comme ça j’en serais débarrassée. J’avais à l’époque 5/6 ans. Je sais que vous allez penser que c’est un âge vachement jeune pour se souvenir de quoi que ce soit de concret… Mais après ce que j’ai vécu, j’vous jure que ça marque assez sévèrement. Bref. Donc j’avais 5/6 ans, quand une guerre civile en Serbie a été déclarée. La bombe d’attaque est tombée non loin de chez moi faisait, une dizaine de morts et 5 ou 6 blessés grave. Je le sais car plus tard ma mère m’en a parlé…

« Pourquoi cette guerre ? »
- Hey ho la ! Je raconte, M*rde ! Arrêter de me poser des questions toutes les deux minutes, c’est assez lourd à la fin. Donc je continue, si vous voulez bien.
Ma mère m’en a parlé quand j’ai eu l’âge de comprendre ce qu’était une guerre civile. Pourquoi s’est-elle déclarée ? Tout d’abord pour des histoires de drogues mais aussi d’élection trafiqué. Enfin j’ai jamais compris les raison étant donné que je suis contre les guerres civiles, quelques soient les causes. Mais bon, ce que je sais tout c’est que c’était l’horreur. Enfermé toute la journée chez moi, je n’y bougeais pas, ou très peu avec ma mère. Seulement mon père allait au travail pour ramener de l’argent. Mais bon à 5/6 ans on ne comprend pas trop, du coup, on est content de pouvoir jouer toute la journée dans notre chambre, sans aller à l’école. Même s’il est vrai que ma mère me donnait les cours chez moi, histoire que je ne sois pas en retard pour plus tard. Enfin bon. Puis c’est après que tout est devenu un véritable cauchemar pour moi. Un soir, j’étais seule avec mon père. Ma mère était partie faire les courses. Il était 19h quand on sonna à la porte. Perquisition policière… Mon père m’a demandé de me cacher sous la table, couverte d’une nappe. Les policiers sont rentrés en furie dans l’appartement et mon père n’a eu le droit qu’à une chance. Sauf qu’il n’a pas pris cette chance …Tout du moins, les policiers n’ont pas voulu le croire, quand il disait qu’il ne faisait pas parti du trafic de drogues. C’est vrai que mon père avait déjà eu des histoires louches mais cette fois ci il n’y était pas trempé. Sauf que voilà, ils l’ont tué. Devant mes yeux. Je suis restée sous cette table jusqu’au retour de ma mère… Je n’avais pas la force de sortir, ni même de pleurer d’ailleurs. Quand elle est revenue, elle a fondu en larme et elle me cherchait partout. Un vrai soulagement pour elle, quand j’ai sorti ma petite tête de ma cachette.

Je ne veux pas plus en parler... En même temps, je vous en ai déjà trop dit et vous allez surement en tirer des conclusions trop hâtives ! Mais bon, la vous pouvez en être sûre .. c’est le pire des souvenirs que je peux vous sortir. Voir son père mourir sous ses yeux, c’est vraiment pas très joyeux. Bon, vous voulez vraiment un sujet heureux maintenant ? Parce que j’en ai sincèrement marre de parler avec vous.

« C’est à vous de voir. Vous savez bien que je ne vous force à rien. A vous de me parler si vous le désirez. »
- Et bien je sais pas trop … Après tout, ca m’fait passer le temps. Alors pourquoi pas. Bon très bien, laisser moi réfléchir… J’ai trouvé !
J’avais 11/12 ans. Je rentrais au collège quand, étonnamment, je me fis rapidement remarquer. En même temps, se casser la gueule devant tout le monde dès le premier jour bah… ca pardonne pas. Mais bon, y’en a au moins un qui m’a aidé à me relever. Il s’appelait Mathys. Tout de suite le courant est passé. Je crois que cette rencontre m’a toujours fait sourire chaque fois que j’y pense. On a tellement vécu de chose ensemble, c’était évident qu’on allait devenir de grand ami ! On était si proche et je dois dire que son départ en Amérique m’a beaucoup atteint. D’ailleurs c’est ce départ qui a poussé mes parents à prendre rendez vous avec vous. Du grand n’importe quoi ! Bref. Mathys est une personne vraiment formidable, et je dois dire qu’il a une grande place dans mon cœur. Enfin maintenant il est loin et je doute que je le reverrai de si tôt. Mais quand j’y pense, ce mec m’a fait faire tellement, mais alors tellement de conneries, c’est fou quand même ! Notre relation ressemblait beaucoup à celle qu’on peut voir dans Jeux d’enfants, vous savez avec Marions Cotillard et Guillaume Canet. Mais bien sûr vous garder la complicité mais vous retirez l’amour. Enfin, bon notre relation est tellement, mais tellement fantastique !

« Bien. C’est fort interessant. Mais dites moi, vous n'avez rien fait pour le revoir ? »
- Si bien sûr ... J'suis parti aux States, là où il s'était installé avec sa petite famille. Et vous savez quoi ? Ce connard s'est casé et il n'a même pas pris la peine de me le dire. Monsieur est fiancé et père à 19 ans et il ne le dit même pas à sa meilleure amie ! Du coup .. j'me suis barré, à Portland parce que le voir me donnerai envie de le tuer .. Raison pour laquelle je continue à vous appelez même si j'suis à Portland et vous à Laskovac.
Bon j'dois raccrocher, parce que vous me coutez bien cher quoi ! Au revoir et à une prochaine fois. Peut être. Ou peut être pas.
« Et oui, malgré tout, ses séances de psy me font du bien ». Pensa t-elle