Des journées comme ça ? Il n'en voulait plus jamais. Mais, vraiment, plus jamais. Elle était catastrophique. Il avait passé plus de vingt-quatre heures à l'hôpital, et plus de six heures sur un cas spécial. Il aimait réellement son métier, mais pas dans des journées aussi chargés que celle là. Pourquoi il était devenu médecin ? Parce qu'il se sentait utile à aider les gens. Enfin, surement qu'il aurait pas fait cela, s'il avait su avant que cela prenait beaucoup de son temps, mais il pensait se convertir à la psychologie, ça l'épatait bien ça. Bref, la journée était finie et Neil était content. Il pouvait enfin rentrer chez lui. Ah non ! Il fallait qu'il fasse quelques petites courses pour la semaine, parce qu'il n'y avait plus rien à manger, donc c'était parti au super grand centre commercial d'Aberdeen. Petite liste de course en main, le plus tout jeune médecin marchait dans les rayons du centre à la recherche des ingrédient inscrits sur sa liste.

En y repensant, autrefois, il ne faisait jamais les courses. C'était toujours son ex-femme qui le faisait pour lui, c'était plus simple et elle s'y retrouvait mieux. A croire que Neil avait besoin d'une femme dans sa vie pour faire tout cela. Et aussi, la cuisine, le ménage, et tout. Comme ça, lorsqu'il rentrait du boulot, tout était déjà préparé. Oh oui, une femme, c'était absolument ce qu'il lui fallait. Encore fallait-il lui trouver chaussure à son pied. Il faisait quand même du quarante deux en pointure, c'était pas rien, quoi. Alors qu'il mettait quelques paquets de barres chocolatées dans son petit panier, il levait ses yeux et put voir une fille qui ne lui était pas inconnue. Sadie, sa ravissante voisine. Ils s'étaient parlés quelques fois, avaient bu quelques verres ensemble. Elle était grave gentille comme personne, et Neil était totalement sous le charme. Hein ? Mais non, n'importe quoi, ne vous faites pas d'idées. Il s'approcha d'elle et, comme les enfants faisaient, posa ses mains sur ses yeux, son panier posé au sol. « Devine qui c'est ? », chuchota-t-il.

La journée avait plutôt bien commencée. Etant à Aberdeen dans le but de prendre l’air, Sadie n’avait pas beaucoup de boulot et fut appelée pour une simple visite de maison. Une nouvelle personne voulait participer à un échange de maison et la dame dut se charger d’évaluer la maison afin de voir si tout étaient aux normes requises et si la maison pouvait provoquer un léger dépaysement pour le futur client américain. Une fois l’évaluation terminée, Sadie posa les questions de routine qui étaient devenues habituelles pour elle, presque lassantes. Elle aimait son boulot mais parfois, il lui bouffait son temps, son esprit, sa vie. Suite à cet entretien, qui avait duré plus de temps qu’elle ne l’aurait pensé, Sadie s’empressa d’aller prendre la liste de course dans la maison dans laquelle elle logeait à présent, changer ses vêtements pour quelque chose de plus confortable et moins classique et ensuite, se diriger vers le supermarché.

La route vers le centre commercial fut assez pénible. Comme dans toutes les villes, il y avait une heure de pointe et qui disait heure de pointe disait léger embouteillage. Heureusement que Sadie était une personne assez patiente, surtout lorsqu’elle avait le temps devant elle. Arrivée sur le parking, elle mit un certain temps avant de trouver une place et de garer sa voiture, elle l’avouait souvent: la conduite, ce n’était pas son truc. Une fois entrée dans le complexe commercial, Sadie se dirigea directement dans le supermarché, gaspiller son temps dans les autres diverses magasins, ce n’était pas pour aujourd’hui. En ce jour présent, elle avait envie de se concocter un bon petit repas accompagné d’un bon petit vin. Quoi de tel pour se faire plaisir et remonter la pente.

Accroupie dans le rayons, Sadie fut surprise et laissa échapper un sursaut lorsque deux mains se posèrent sur les yeux. « Devine qui c'est ? » Cette voix lui était familière, même plus que familière. C’était la voix de celui avec qui elle parlait depuis quelques jours. La seule personne qu’elle avait vraiment rencontrée depuis son arrivée à Aberdeen. Un fin sourire sur le visage, Sadie posa les mains sur celles de son interlocuteur et dit, d’un air malicieux: « Un inconnu avec l’esprit mal tourné ? » Elle se retourna, lâcha un petit rire et posa son regard dans le sien avant de le poser dans son panier. La curiosité est un vilain défaut.

Il regardait Sadie. Ravissante, sympathique, elle lui semblait parfaite. Enfin, il préférait ne pas se faire d'idées dès le départ, à vrai dire il ne pensait pas trop qu'il puisse y avoir quelque chose entre eux deux, c'était techniquement impossible. Pourquoi ? Parce que ... Il ne trouvait pas de raison réelle, en tout cas, ils se connaissaient depuis peu de temps, donc il n'y avait rien de fait. Ils étaient de bons copains, on va dire. Bref, Neil se prenait un peu trop la tête. Ça se trouve, cette bonne jeune femme s'en fichait totalement de lui et ils étaient que de simples connaissances et ça s'arrêtait la. Bon sang, de bon soir, il pensait trop négativement malheureusement. Bref, le jeune homme, enfin si pour vous trente ans est jeune, avait posé sa main sur les yeux de la femme. Qu'est ce qu'elle avait les mains douces en tout cas ! Une merveille, un sourire s'était dessiné sur mes lèvres. « Un inconnu avec l’esprit mal tourné ? ». Nous nous regardâmes, après qu'elle se soit retournée et nous avons ris tout les deux.

Qu'est ce qu'elle était belle .. Mais, il fallait arrêter de rêver. « Ou bien, un homme ravi de vous revoir ! », avait-il dit, sans cesser de la regarder dans les yeux. Après, il vit que son regard se posait sur mon panier, et le sien se dirigea également vers celui-ci. « Je fais des petites courses, je suppose que l'on va rester ensemble quelques minutes. ». Son panier n'était pas très rempli, pour l'instant, il n'y avait que les barres chocolatées, une bouteille de coca cola et c'était tout. Il ne manquait que les plats préparées et des desserts intéressants. « Ta journée s'est bien passée alors ? », lui demanda-t-il, gentiment. Il commençait déjà à marcher, et il espérait bien que Sadie le suivrait. Ils pourraient discuter une énième fois encore.

Sadie était une femme plutôt enjouée, elle aimait prendre les choses du bon côté et n’hésitait pas à rire d’elle. Pour elle, on apprenait de nos erreurs et ce qui ne la tuait pas la rendait plus forte, c’est pourquoi une nouvelle chance lui était donnée, dans cette ville. La superviseure avait compris depuis quelques mois que son mariage ne rimait à rien, que son mari et elle restait ensemble simplement pour ne pas décevoir leur proche. Peut-être avaient-ils peur de se séparer et peur de remarquer qu’ils étaient dépendants l’un de l’autre. Autre raison du départ de Sadie: acquérir une autonomie différente. Elle n’avait jamais vécu seule et donc, ne savait pas ce qu’était le sentiment d’être libre de ses mouvements, libre de ses actes. Rencontré Neil l’avait fait comprendre qu’elle ne se préoccupait pas ou plus de ce que pouvait penser son concubin et pour elle, c’était une légère libération qui prouvait que leur amour s’était envolé avec les années. Neil était charmant, très charmant en plus d’être d’une bonne compagnie, d’une bonne oreille. Après s’être salué d’une façon différente de celle des personnes «civilisées», Neil et Sadie se son mis à rire. « Ou bien, un homme ravi de vous revoir ! » Sadie se mit à sourire bêtement. « J’avoue que cette version est beaucoup plus plaisante. » L’américaine le pensait vraiment, et bien qu’elle ne l’avouait pas, cela était également réciproque.

Le regard curieux de Sadie se dirigea dans le panier de son voisin, qui était pratiquement vide. Les bouteilles de coca-cola dominait les autres produits qui n’étaient à présent que des gourmandises. Vu que Sadie fut sa curieuse, Neil fit de même et n’eut pas la chance d’apercevoir grand chose, tellement le panier était rempli. Il ne lui restait plus qu’à acheter deux ou trois aliments et son repas du soir serait pratiquement préparé. Il ne restait plus qu’à le cuisiner. « Je fais des petites courses, je suppose que l'on va rester ensemble quelques minutes. » Sadie adressa un petit clin d’oeil à son interlocuteur qui ajouta: « Ta journée s'est bien passée alors ? » avant de marcher pour se rendre dans un autre rayon. Elle se fit un plaisir de le suivre tout en disant: « Plutôt bien, assez longue et ennuyante à vrai dire mais à présent, elle se passe mieux. Et la tienne ? Longue garde ? » Sadie adressa un sourire et vit que Neil s'apprêta à prendre un repas préparé. En moins d’une seconde, la femme stoppa le geste de son voisin tout en répondant négativement de la tête, un geste impulsif. « Tu ne vas pas manger ça ce soir, quand même ? » Une idée derrière la tête, Sadie gardait son bête sourire sur le visage et ses yeux pétillants grands ouverts.

« J’avoue que cette version est beaucoup plus plaisante. ». Il sourit, parfois il avait l'impression de l'interesser un peu. Mais, en y repensant, l'écossais ne savait pas beaucoup de choses sur cette femme. Il aurait aimé la connaître un peu plus, mais pour cela il fallait un dîner. Neil se faisait quelques films dans sa tête, ce n'était pas bien pour son système nerveux. Bref, son panier à elle, était rempli et il ne pouvait pas distinguer les divers produits qu'il contenait, en tout cas elle allait bien manger ce soir déjà, c'était une certitude. Bref, ils marchaient dans les allées alimentaires, et ils se parlèrent, c'était lui qui avait demandé comment la journée de Sadie s'était passée. « Plutôt bien, assez longue et ennuyante à vrai dire mais à présent, elle se passe mieux. Et la tienne ? Longue garde ? ». Il fit un sourire, sa journée se passait mieux, parce qu'elle l'avait vu certainement. Sa journée, il en soupira rien que d'y repenser. « Et bien ... il y avait un début, et l'impression d'aucune fin. Une très très très longue garde, mais bon des vies sauvées, heureusement. ».

Continuant de marcher, il s'était arrêté face aux plats préparées. Il tendit sa main pour en prendre un, mais l'américaine l'avait stoppé. « Tu ne vas pas manger ça ce soir, quand même ? ». Bien sur que si, il ne pouvait pas manger autre chose, monsieur Bowman n'était pas très fort en cuisine et il risquait de mettre le feu à sa belle maison. « Et bah ... je suis pas doué en cuisine. Donc, oui, je compte bien prendre ça ! ». Il sourit, et réussit à prendre les plats pour pouvoir les mettre dans son panier. Bah, tant que c'était mangeable, c'est parfait, se disait le bel écossais. « Ce n'est pas trop dur de travailler dans cette agence ? », demanda-t-il, en parlant de cette agence Clic-Clac qui faisait tant fureur ces derniers temps.